Ce n’est pourtant pas la faute à Voltaire… !
(Caricature Plantu)
En 1763, à une époque où la religion était obligatoire et où les humains ne cessaient de se rappeler à l'ordre et se persécuter pour leurs croyances ou leurs origines, Voltaire né en 1694, observait le monde depuis déjà bien longtemps.Dans son * traité sur la tolérance,
(Tableau Vladimir Kush)
il écrivait une prière où ses souhaits seraient encore d’actualité dans notre monde contemporain où règne une intolérance prônée par des religieux intégristes. Un appel à la raison en quelque sorte.
(Photo Saudek)
"Ce n'est donc plus aux hommes que je m'adresse, c'est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps. S'il est permis à de faibles créatures perdues dans l'immensité et imperceptibles au reste de l'univers, d'oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels. Daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature, que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un coeur pour nous haïr et des mains pour nous égorger. Fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d'une vie pénible et passagère.
Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à tes yeux et si égales devant toi, que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés Hommes, ne soient pas des signaux de haine et de persécution.
Que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer, supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil. Que ceux qui couvrent leurs robes d'une toile blanche pour dire qu'il faut aimer, ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire. Qu'il soit égal de t'adorer dans un jargon formé d'une ancienne langue ou dans un jargon plus nouveau.
Satan : Tu ne veux pas dis-tu honneur et richesse…Eh bien ? Regarde ton représentant au Vatican.
Jésus : Oh ! La salle vache.
Que ceux dont l'habit est teint en rouge ou en violet qui dominent sur une parcelle d'un petit tas du bout de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d'un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu'ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie. Car tu sais qu'il n'y a dans ces vanités ni envie ni de quoi s'enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu'il sont frères, qu'ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l'industrie paisible.
(Caricature Métyvié
Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas, ne nous déchirons pas les uns et les autres dans le sein de la paix, et employons l'instant de notre existence à bénir également en mille langages divers depuis Siam jusqu'à la Californie ta bonté qui nous a donné cet instant."
* Dans ce traité écrit après l’injustice subie par Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour le meurtre de son fils, qui s'est converti au catholicisme, Voltaire anticlérical afin de le réhabiliter invite à la tolérance entre les religions et dénonce de manière virulente leurs dogmes.
(Voyons ma bonne dame vous ne voudriez pas être guérie pour deux messes)
Il prend pour cible le fanatisme religieux (plus particulièrement celui des jésuites où il a fait de brillantes études étant jeune homme) et présente un réquisitoire contre les superstitions accolées aux religions.
« Deorum offensae diis curae »
« C’est aux dieux seuls à se soucier des offenses faites aux dieux. »
(Caricature Hic)
* Zola à sa manière, un peu plus de deux siècles plus tard, dénoncera dans sa lettre « J’accuse », l'épouvantable déni de justice dont la France est malade, l'erreur judiciaire ayant entraîné le procès et la condamnation de Dreyfus. Il y attaque nommément les généraux et les officiers responsables.
L’antisémitisme est partout, se nourrissant du flot d'insultes, de calomnies et de caricatures abjectes chaque jour répandues par la presse, alors très largement antidreyfusarde.
Christianisme, islam, judaïsme prônent encore un intégrisme qui n’est pas prêt de ramener la paix entre les pratiquants intégristes de ces religions sorties de l'enfer … ?
Dans un autre billet, je ne manquerai pas de vous parler de ce film Religo et de Kadosh autre film d’Amos Gitaï qui dénonce l’étouffement subie par une femme de la part de son mari pratiquant la religion juive ultra orthodoxe.
Je retourne me reposer, ce billet m'a épuisé...!