Exposition "Simon Hantaï" au Centre ¨Pompidou de Paris...!
"Parmi les premières peintures réalisées peu après l'arrivée du peintre à Paris, Les Baigneuses est une oeuvre singulière, avec ses couleurs tendres, ses figures flottant sur de grands aplats bleus et verts, et surtout par l'alliance de ses influences picturales a priori éloignées les unes des autres.
Depuis Cézanne, le thème des baigneuses est devenu un motif propice au libre agencement des couleurs et des formes. De même, chez Matisse on pense ici à la Danse de 1910 et, plus encore, par la disposition frontale des personnages, à la Musique , les nus sont des prétextes pour expérimenter les rapports entre lignes et couleurs. Dans la toile de Hantaï, on retrouve aussi le rêve matissien d'un paysage idyllique.
Mais plutôt que par Cézanne ou Matisse, qu'il connaît encore peu à l'époque, la fraîcheur de ce tableau lui a sans doute été inspirée par le périple en Italie. Il est influencé par la peinture médiévale siennoise, les fresques de Giotto à Padoue et, surtout, par les mosaïques de Ravenne. Les baigneuses, disposées frontalement sur la surface picturale, en reprennent les formes simplifiées. Hantaï interprète ce qu'il a vu en Italie avec les termes de la modernité".
(Sexe-Prime. Hommage à Jean-Pierre Brisset, 18 septembre 1955)
"Durant ses premières années parisiennes, Hantaï se rapproche des Surréalistes dont il a pu connaître les expérimentations en Hongrie, tant elles ont eu de répercussions internationales. En fréquentant Breton et son entourage, il commence à peindre des formes organiques et teste différentes techniques, collage, grattage... Rapidement il se détache du groupe pour s'intéresser à l'abstraction énergique de Georges Mathieu
et, plus encore, à celle de Jackson Pollock dont il a pu voir des oeuvres exposées à Paris en 1951. Hantaï se lance alors dans la création de grandes toiles dominées par un expressionnisme gestuel dont, principalement, "Sexe-Prime. Hommage à Jean-Pierre Brisset". Peinte à l'aide de son « outil-réveil » un cercle de métal récupéré d'un vieux réveil avec lequel il gratte la dernière couche de peinture appliquée , la toile laisse apparaître des rubans clairs sur un fond sombre qui circulent et s'entremêlent sans fin. Hantaï développe cette pratique gestuelle pendant quelques années, jusqu'à se libérer aussi de l'expressionnisme de Pollock".
( Peinture (Écriture rose), 1958-1959 )
"Dans les toiles réalisées autour de 1958, Hantaï associe au geste des petites touches qui peu à peu vont l'évincer, au profit d'un autre moyen de couvrir la toile : l'écriture. Initialement superposées, petites touches et écriture vont être dissociées et pratiquées parallèlement dans les deux immenses toiles jumelles qui marquent un tournant dans son oeuvre". Pendant un an, à partir de la fin de lannée 1958, Hantaï les peint en effet simultanément, l'une le matin et l'autre l'après-midi. Il recouvre la première d'une fine écriture à peine lisible, transcription de textes religieux, esthétiques, philosophiques qui constituent son univers spirituel de l'époque, appliquant sur la seconde une couche de peinture noire qu'il racle avec son « outil-réveil ». L'une donne ainsi à voir une grande surface claire, à la tonalité rose bien qu'aucune peinture rose n'ait été utilisée, mais des « couleurs liturgiques rouge, vert, violette et blanc » , parsemée de quelques signes, une tache de feuille d'or qui évoque les fonds des primitifs italiens, une éclaboussure que l'artiste apparente à l'encrier de Luther, une croix grecque et une étoile de David.
Lautre, plus sombre, laisse entrevoir une croix claire en son centre qui exprime la religiosité de l'artiste mais aussi partage la toile en quatre. C'est cette croix qui vaudra, bien plus tard, son titre à l'oeuvre, en souvenir du plafond du Mausolée de Ravenne visité dix ans auparavant. Offertes par Hantaï, l'une au Musée national d'art moderne en 1985, l'autre au Musée d'art moderne de la Ville de Paris lors de la donation de 1998, elles sont réunies dans l'exposition comme elles l'étaient dans l'atelier du peintre lors de leur création".
"Avec la série des Meuns (du nom de la petite commune où il vient de s'installer), commencée en 1967, s'opère la synthèse entre ces deux forces centrifuge et centripète. Là, la toile est nouée en plusieurs endroits, creusant de larges espaces en réserve qui permettent aux grandes formes colorées de pleinement respirer. Le Meun de Nîmes, avec son éclatante et sensuelle couleur lilas, constitue l'un des plus beaux exemples de cette respiration de la couleur.
Cette série se situe dans la continuité des dernières gouaches découpées de Matisse, en particulier les Nus bleus que Hantaï a pu voir exposés au Musée des arts décoratifs en 1961. Mais à la différence de Matisse, comme le souligne Dominique Fourcade, chez Hantaï, c'est le pliage qui fait ciseaux".
"Les Tabulas sont les dernières peintures réalisées par Hantaï, de 1973 à 1982. De très grand format, elles sont composées grâce à un pliage orthogonal fixé par un système de nouage. Une fois dépliées, elles présentent un réseau de carrés ou de rectangles d'une seule couleur, imprégnée de manière irrégulière, faisant vibrer la lumière sur la toile".
Autres toiles présentées, que j'ai à l'inverse des "Meuns", "Tabulas", beaucoup plus appécié (ainsi que les baigneuses et Sexe Prime, décrites ci-dessus),
Source: Plaquette exposition.
Pour ceux ou celles qui veulent avoir un panorama plus complet de l'expo, et qui ne sont pas partis en courant, je les invite à visionner (en plein écran) le montage photo suivant:
(Musique de la vidéo : Franco Fagioli « Vo solcando un mar crudel», de l’opéra Artaserse de Leonardo Vinci).