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Grains de sel
18 février 2010

Le testament du curé *Meslier… !

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(**Tableau Clovis Trouille)

Je rassure mes fidèles, n’ayant pas eu le temps de vous raconter la fin de ma visite chez les croques morts, ce n’est pas mon testament de curé défroqué. Pour ceux qui ne se souviennent pas de mon premier contact avec les pompes funèbres, ou ne l’ont pas lu c’est  ICI … !

Pour faire suite au Docteur Tronchin et ses vapeurs, il serait temps qu’après la médecine du corps et de l’esprit, je vous conseille de suivre les préceptes d’un autre visionnaire, en vous recommandant de ne point vous laisser embobiner par des discours apocryphes… !

Je vous laisse avec ce curé athée.

« Mes chers amis, puisqu'il ne m'aurait pas été permis et qu'il aurait été d'une trop dangereuse et trop fâcheuse conséquence de dire ouvertement, pendant ma vie, ce que je pensais de la conduite et du gouvernement des hommes, de leurs religions et de leurs moeurs, j'ai résolu de vous le dire après ma mort.

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Ce serait bien mon inclination de vous le dire de vive voix avant que je meure, si je me voyais proche de la fin de mes jours et que j'eusse encore pour lors l'usage libre de la parole et du jugement. Mais comme je ne suis pas sûr d'avoir, dans ces derniers jours, le temps ni toute la présence d'esprit qui me seraient nécessaires pour vous déclarer alors mes sentiments, c'est ce qui m'a fait maintenant entreprendre de vous les déclarer ici par écrit, afin de tâcher de vous désabuser, au moins tard et autant qu'il serait en moi, des vaines erreurs dans lesquelles nous avons eu tous, tant que nous sommes, le malheur de naître et de vivre. (...)

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C'est l'égoïsme et l'ambition brutale qui sont la source et l'origine de tous ces superbes titres de seigneurs, de prince, de roi, de monarque et autres tyrans qui nous oppriment. Et aussi la source et l'origine de tous ces prétendus saints et sacrés caractères d'ordre et de puissance ecclésiastique et spirituelle que s'attribuent les prêtres et les évêques. La religion soutient le gouvernement politique, si méchant qu'il puisse être, et à son tour le gouvernement soutient la religion, si sotte et si vaine qu'elle puisse être.

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Plus j'ai avancé en âge et en connaissance, plus j'ai reconnu l'aveuglement et la méchanceté des hommes, plus j'ai reconnu la vanité de leurs superstitions et l'injustice de leur gouvernement (...)

J'ai vu, et on voit encore tous les jours, une infinité d'innocents malheureux, persécutés sans raison et opprimés avec injustice, sans qu'ils trouvassent aucun protecteur secourable pour les secourir (...)

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D'un côté, les prêtres recommandent, sous peine de malédiction et de damnation éternelle, d'obéir aux magistrats, aux princes et aux souverains, comme étant établis de Dieu pour gouverner les autres, et les princes de leur côté font respecter les prêtres, leur font donner de bons appointements et de bons revenus et les maintiennent dans les fonctions vaines et abusives de leur faux ministère, contraignant le peuple de regarder comme saint et sacré tout ce qu'ils font et tout ce qu'ils ordonnent aux autres de croire et de faire, sous ce beau et spécieux prétexte de religion et de culte divin.

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Et ne croyez pas que je vise ici seulement les religions dites fausses, en exceptant au moins de ce nombre la religion catholique. Point. Elle n'est pas moins superstitieuse qu'une autre; elle n'est pas moins fausse dans ses principes, ni moins ridicule et moins absurde dans ses dogmes et maximes.

Il n'y en a point qui aient poussé si loin l'autorité absolue, ni qui aient rendu leurs peuples si pauvres, si esclaves et si misérables; il n'y en a point qui aient fait répandre tant de sang, qui aient fait tuer tant d'hommes, qui aient fait tant verser de larmes aux veuves et aux orphelins que ce dernier roi Louis XIV, surnommé le Grand, non véritablement pour les grandes injustices, pour les grandes voleries, pour les grandes usurpations, pour les grandes désolations, et pour les grands ravages et carnages d'hommes qu'il a fait faire de tous côtés, tant sur terre que mer.(...)

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Où sont ces généreux meurtriers des tyrans que l'on a vus aux siècles passés? Où sont les Brutus et les Cassius? Où sont ces généreux défenseurs de la liberté publique, qui chassèrent les rois et les tyrans de leur pays, en donnant licence à quiconque de les tuer? Où sont Jacques Clément et les Ravaillac de notre France? Que ne vivent-ils encore de nos jours pour assommer et pour poignarder tous ces détestables monstres et ennemis du genre humain et pour délivrer, par ce moyen, les peuples de la tyrannie? Non, ils ne vivent plus, ces grands hommes, et on ne voit plus maintenant dans le monde que de lâches et misérables esclaves!

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La première erreur morale du christianisme, c'est qu'elle fait consister la perfection de la vertu et le plus grand bien dans l'amour et la recherche des douleurs et des souffrances, suivant les maximes de jésus Christ, qui disait que bienheureux sont les pauvres, que bienheureux sont ceux qui ont faim et qui ont soif, que bienheureux sont ceux qui souffrent de persécution pour la justice.

Cette maxime morale de nos Christicoles est absolument fausse, parce que c'est toujours une erreur et même une folie d'aimer et de rechercher des douleurs et des souffrances, sous prétexte de conquérir des biens et des récompenses éternelles qui ne sont qu'imaginaires.

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(Tableau Clovis Trouille)

« Lire : Oh ! Quel cul t’as ! »

Pareillement ; c'est une erreur de la morale chrétienne de condamner, comme elle le fait, tous les plaisirs naturels de la chair, et non seulement les actions et les oeuvres naturelles de la chair, mais aussi tous les désirs et toutes les pensées volontaires d'en jouir. C'est une erreur dans cette morale de regarder toutes ces choses comme des actions ou des pensées criminelles dignes de punition éternelle. Car, comme il n'y a rien de plus naturel et de plus légitime que cette inclination qui porte tous les hommes à ce penchant, c'est en quelque sorte condamner la nature même que de considérer comme vicieuse et comme criminelle, dans les hommes et dans les femmes, une inclination qui leur est si naturelle et qui leur vient du fond le plus intime de leur nature, pensées, désirs qui sont si légitimes et si nécessaires à la conservation et à la multiplication du genre humain. Sots à mon avis, ceux qui, par bigoterie et superstition n'oseraient goûter au moins quelquefois ce qui en est.

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Une autre erreur de cette morale, c'est qu'il faille aimer ses ennemis, qu'il ne faille pas se venger des injures et qu'il ne faille pas même résister aux méchants.

Ainsi, il faut bénir ceux qui nous maudissent, faire du bien à ceux qui nous font du mal, nous laisser dépouiller, et souffrir toujours paisiblement les injures et les mauvais traitements. Ce sont là des maximes contraires au Droit naturel, à la raison, et à la justice qui nous conseillent de repousser le mal et de nous défendre quand nous sommes injustement attaqués.

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Elles tendent à favoriser les méchants et leur oppression des bons et des faibles, elles les autorisent dans leur malice et leur méchanceté. N'est-ce pas vouloir que les bons s'abandonnent eux-mêmes en proie aux méchants et à leurs ennemis, les laissent librement faire tout ce qu'ils veulent ?

Tous les hommes sont égaux par la nature, ils ont tous également le droit de vivre et de marcher sur la terre, et d'avoir part aux biens de la terre en travaillant utilement les uns et les autres pour avoir les choses nécessaires et utiles à la vie.

Il n'y a rien de si abject, de si pauvre, de si méprisé que les paysans de France : ils sont les esclaves des grands et des nobles, sans compter ce que les ecclésiastiques exigent injustement de ces pauvres malheureux.

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On a bien raison de comparer ces gens-là à des vermines, car ils ne font que tourmenter, ronger et manger le pauvre peuple. La religion se fait leur complice. Elle menace les ignorants du diable, comme si les diables pouvaient être plus hideux que tous les beaux messieurs, grands et nobles, que toutes les belles demoiselles, parées, frisées et poudrées, qui sont les plus grands ennemis du peuple et lui font tant de mal.

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...cette quantité de riches fainéants qui, sous prétexte qu'ils ont de quoi vivre de ce qu'ils appellent leurs rentes, ne se livrent à aucun travail ! De quelle utilité sont ces gens-là, riches fainéants et mangeurs de la substance du peuple ? N'est-ce pas la misère que cette quantité prodigieuse d'ecclésiastiques et de prêtres inutiles, d'abbés, de prieurs et de chanoines, de moines et de moinesses, qui ne sont d'aucune nécessité ? Quels services rendent-ils au public ? Aucun. Et, cependant, ce sont les mieux rentés et les mieux pourvus de tous les biens et de toutes les commodités de la vie : ils sont les mieux logés, les mieux chaussés, les mieux nourris, les moins exposés aux injures du temps et des saisons. S'ils tombent quelquefois dans des maladies ou des infirmités, ils sont si promptement et si soigneusement secourus que le mal n'a presque pas le temps de les offenser.

Ils font des voeux de pauvreté et de renoncement, ils font profession de vivre dans la mortification du corps et de l'esprit.

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(Tableau Clovis Trouille)

C'est pourquoi leurs couvents sont comme des maisons de seigneurs, comme des palais de princes, leurs jardins sont comme des paradis terrestres, leurs cuisines sont toujours abondamment fournies. Ils ont le bonheur de récolter abondamment là où ils n'ont rien semé. C'est une injustice, criante de faire manger ainsi à des fainéants la nourriture que, seuls, les bons ouvriers devraient avoir ; c'est une injustice criante d'arracher de leurs mains ce qu'ils gagnent et ce qu'ils font venir à la sueur de leur corps pour le donner à des moines inutiles. Comme si on avait à faire de tous ces gens-là, de tous ces diseurs de messes et de bréviaires, d'oraisons et de chapelets !

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A quoi sert qu'ils se déguisent sous tant de diverses et ridicules formes d'habits, qu'ils s'enferment dans des cloîtres, qu'ils marchent pieds nus, qu'ils se donnent la discipline, qu'ils aillent à certaines heures du jour ou de la nuit chanter psaumes et cantiques ? Les oiseaux sauvages chantent et ramassent assez dans les champs et dans les bois. Les peuples n'ont que faire de nourrir tant de gens pour ne faire que chanter dans les temples.

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Quand tous les moines et tous les prêtres célébreraient chacun vingt, trente et même cinquante messes par jour, elles ne vaudraient pas à elles toutes un seul clou à soufflet, comme on dit. Un clou est utile et nécessaire, on ne saurait s'en passer en nombre de choses, mais toutes les prières, toutes les oraisons et toutes les messes ne sont utiles qu'à faire venir de l'argent à ceux qui les disent. Un seul coup de hoyau qu'un pauvre manouvrier donne en terre pour la cultiver est utile et sert à faire venir du grain pour nourrir l'homme. Un bon laboureur en fait venir avec sa charrue plus qu'il ne lui en faut pour vivre ; mais tous les prêtres ensemble ne sauraient avec toutes leurs prières et tous leurs prétendus saints sacrifices de messes, contribuer à la production d'un seul grain.

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La profession des moindres artisans est utile et nécessaire dans les Républiques, celles même des comédiens et des joueurs de flûte et de violon ont leur mérite et leur utilité, car les gens de cette profession servent au moins à réjouir et à divertir agréablement les peuples. Il est bien juste que ceux qui, tous les jours, s'occupent utilement au travail et même à des travaux pénibles et laborieux, il est bien juste, di-je, qu'ils aient au moins quelques heures de divertissement. Mais la profession des prêtres et des moines n'est qu'une profession d'erreurs, de superstitions et d'impostures, et, par conséquent, bien loin qu'elle doive être censée utile et nécessaire dans une bonne et sage République, elle devrait, au contraire, y être regardée comme nuisible et pernicieuse, et ainsi, au lieu de gratifier si bien les gens d'une telle profession, il faudrait absolument les interdire, toutes les superstitieuses et abusives fonctions de leur ministère et les obliger à s'occuper à quelque honnête et utile exercice, comme font les autres.

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On a besoin dans toutes les paroisses de quelque berger ou de quelque porcher pour garder les troupeaux, on a besoin partout de fileuses de laine et de blanchisseuses de linge. Mais quel besoin a-t-on, dans une République, de tant de prières, de tant de moines et de moinesses, qui vivent dans l'oisiveté et dans la fainéantise ?

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(Tableau Clovis Trouille)

Si les hommes possédaient et jouissaient également en commun des richesses, des biens et de commodités de la vie, s'ils s'occupaient unanimement tous à quelque honnête et utile travail, ils vivraient tous heureux et contents, car la terre produit assez abondamment pour les nourrir et les entretenir ; personne ne serait en peine ni pour soi, ni pour ses enfants de savoir où il logerait, personne n'aurait à se tuer soi-même par des excès de fatigue et de travail.

Vous étonnez-vous, pauvres peuples, que vous ayez tant de mal et tant de peines dans la vie ? C'est que vous portez seuls tout le poids du jour, c'est que vous êtes chargés non seulement du fardeau de vos rois et de vos princes qui sont vos premiers tyrans, mais encore de toute la noblesse, de tout le clergé, de toute la moinerie, de tous les gens de justice, en un mot, tout ce qu'il y a de gens fainéants et inutiles dans le monde.

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(Tableau Clovis Trouille)

Les moines n'ont eu garde de renoncer aux avantages de la vie en commun. Aussi sont-ils toujours dans un état florissant, ne sentent-ils jamais les misères ni les incommodités de la pauvreté : leurs couvents sont aussi superbement bâtis que des palais, leurs maisons sont des réservoirs de tous les biens et de toutes les commodités.

Que les hommes ne s'entendent-ils pas de même pour jouir de la vie en commun, dont les avantages sont évidents et incalculables ?

Mais les grands et les nobles ont intérêt à ce que cet état ne s'établisse pas. Ils préfèrent la division des hommes qui leur permet de les pressurer, de les dépouiller, sachant leur inspirer une telle crainte que ceux-ci n'osent même résister, alors même que les princes les obligent à se précipiter sur les autres peuples pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.

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(Tableau Clovis Trouille)

L'ordre naturel est ainsi entièrement perverti dans le royaume. La France est victime de l'ambition de ses rois, tout s'y rapporte à une vaine image de gloire et ne rend que plus pesantes les chaînes sous lesquelles elle gémit.

Sur quelles bases ont-ils fondé cette prétendue certitude de l'existence d'un Dieu ? Sur la beauté, l'ordre, sur les perfections des ouvrages de la nature ? Mais pourquoi aller chercher un Dieu invisible et inconnu pour créateur des êtres et des choses, alors que les êtres et les choses existent et que, par conséquent, il est bien plus simple d'attribuer la force créatrice, organisatrice, à ce que nous voyons, à ce que nous touchons, c'est à dire à la matière elle-même ?

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(Tableau Clovis Trouille)

Toutes les qualités et puissances qu'on attribue à un Dieu placé en dehors de la nature, pourquoi ne pas les attribuer à la nature même qui est éternelle ?

Rien ne se crée. Rien ne se perd. Le temps ni l'espace n'ont été créés : car si un être avait créé le temps, il eût fallu qu'il fût hors du temps et rien ne peut être hors du temps. Pour créer l'espace, il eût fallu qu'il fût hors de l'espace, et rien ne peut être hors de l'espace. Enfin pour créer la matière, il eût fallu qu'il fût hors de la matière et rien ne peut être hors la matière.

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(Tableau Clovis Trouille)

Le monde est un mélange confus de bien et mal ; il s'ensuit évidemment qu'il n'a pas été créé par un être infiniment parfait, et, par conséquent, il n'y a pas de Dieu.

Que diriez-vous, Messieurs les Déicoles, d'un père de famille qui pouvant tout bien régler et gouverner, qui pouvant donner à ses enfants de belles perfections, voudrait néanmoins tout abandonner à la conduite du hasard et laisser venir les enfants beaux ou laids, sains ou malades ? Serait-ce là un père parfaitement bon ? Le berger qui n'a pas créé ses brebis s'efforce de les protéger contre les dangers, la maladie ou la dent du loup. Que diriez-vous de lui s'il prenait plaisir à les regarder aller à leurs risques dans les marécages pestiférés ou dans les antres des bêtes féroces ?

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(Tableau Clovis Trouille)

Ah! L’autre vie ! L’âme immortelle ! Est-ce que nous ne sentons pas, intérieurement et extérieurement par nous-mêmes, que nous ne sommes que matière, et que nos pensées les plus spirituelles ne sont que de la matière de notre cerveau, qu'elles sont le résultat de sa constitution matérielle et que ce que nous appelons notre âme n'est en réalité qu'une portion de la matière, la plus délicate et la plus subtile ?

L'âme n'est ni spirituelle ni immortelle. Elle est matérielle et mortelle aussi bien que le corps. Il n'y a donc point de récompense à espérer ni de châtiments à craindre après cette vie. Il n'y a point de bonté souveraine pour récompenser les justes et les innocents, point de justice souveraine pour punir les méchants. Il n'y a point de Dieu.

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Mais il y a l'homme, il y a la terre, il y a la vie, il y a le sentiment de l'équilibre et de la justice, et c'est sur cette terre qui lui appartient, dans cette vie qui est sienne, que l'homme doit réaliser la justice, le bonheur, la solidarité et la fraternité universelle. Ce n'est pas en Dieu que l'homme doit chercher la puissance, la bonté, la perfection, c'est en lui-même : par l'instruction il deviendra savant, c'est à dire puissant ; par l'éducation, il se fera juste, c'est à dire bon ; par l'aide mutuelle et la solidarité, il réalisera sur la planète qui est son domaine la perfection possible. Il faut avoir le courage de rejeter toutes les idées préconçues et surtout d'effacer ce préjugé de la perfection des choses actuelles, comme ayant été créées définitivement par l'ordre d'un Dieu. Tout est en mouvement, tout se transforme, tout progresse.

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La matière a institué, par des modes de mouvement, tous les différents effets ou ouvrages que nous voyons dans la nature : il n'y a que des efforts naturels. La matière obéit à des lois qui, jusqu'ici, nous semblent toujours identiques à elles-mêmes, et cependant il nous appartient d'en modifier l'expression, par exemple, dans les plantes ou arbres sur lesquels nous pouvons mettre des greffes de différentes natures. La vie corporelle, soit des hommes, soit des bêtes, soit des plantes, n'est qu'une espèce de modification et de fermentation continuelle de leur être, c'est à dire de la matière dont ils sont composés, et toutes les connaissances, les pensées et les sensations qu'ils peuvent avoir ne sont, que diverses autres modifications et fermentations.

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Levez-vous, unissez-vous contre vos ennemis, contre ceux qui vous accablent de misère et d'ignorance. Rejetez entièrement toutes les vaines et superstitieuses pratiques des religions. N'ajoutez aucune foi aux faux mystères, moquez-vous de tout ce que les prêtres intéressés vous disent. Car c'est là la cause funeste et véritable de tous vos maux...Votre salut est entre vos mains, votre délivrance ne dépend que de vous, car c'est de vous seuls que les tyrans obtiennent leur force et leur puissance.

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Unissez-vous donc, ô peuples ! Unissez-vous tous, si vous avez du coeur, pour vous délivrer de vos misères communes. Commencez d'abord par vous communiquer secrètement vos pensées et vos désirs. Répandez partout le plus habilement possible des écrits semblables à celui-ci par exemple, rendez odieux partout le gouvernement tyrannique des princes et des prêtres. Secourez-vous dans une cause si juste et si nécessaire et où il s'agit de l'intérêt commun de tous les peuples...

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Retenez pour vous-mêmes ces richesses et ces biens que vous faites venir à la sueur de votre corps, n'en donnez rien à tous ces superbes et inutiles fainéants, rien à tous ces moines et à ces ecclésiastiques qui vivent inutilement sur la terre, rien à ces orgueilleux tyrans qui vous méprisent... que vos enfants, vos parents, vos alliés quittent leur service, excommuniez-les de votre société. Ils ne peuvent pas se passer de vous, vous pouvez vous passer d'eux et n'ayez pas d'autre religion que de maintenir partout la justice et l'équité, de vous aimer les uns les autres et de garder inviolablement la paix et la bonne union entre vous.

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Après cela, qu'on en pense, qu'on en juge, qu'on en dise ce que l'on voudra, je ne m'embarrasse pas. Que les hommes s'accommodent et se gouvernent comme ils veulent, qu'ils soient sages ou qu'ils soient fous, qu'ils disent ou qu'ils fassent de moi ce qu'ils voudront après ma mort, je m'en soucie fort peu. Je ne prends déjà presque plus de part à ce qui se fait dans le monde. Les morts avec lesquels je suis sur le point d'aller ne s'embarrassent plus de rien et ne se soucient plus de rien. Je finirai donc ceci par le rien, aussi ne suis-je guère plus que rien et bientôt je ne serai plus rien. »

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*Jean Meslier, né le 15 juin 1664, décédé au début de l’été

1729, a

exercé son ministère durant quarante ans. Il est connu pour avoir écrit le premier texte de l’athéisme en Europe, intitulé : "Mémoire des pensées et des sentiments de Jean Meslier prêtre curé d’Estrépigny et de Balaive sur une partie des erreurs et des abus de la conduite du gouvernement des hommes où l’on voit des démonstrations claires et évidentes de la vanité et de la fausseté de toutes les divinités et de toutes les religions du monde".  Un homme de religion qui aurait subverti deux siècles plus tôt toutes les formes de la société occidentale inégalitaire et spiritualiste ?

Je vous laisse méditer cet extrait de l'inhumanité de la religion par Raoul Vaneigem.

« Où la misère et la souffrance progressent, la religion renifle avec avidité. N'est-ce pas là que s'applique le mieux son vieux remède : donner du prix à la mort et à la douleur en dépréciant la vie au nom de l'esprit qui la désincarne ?

[...] la religion est l'esprit d'une économie qui fonde son contrat d'exploitation sur la pérennité d'un mandat céleste et renouvelle sans cesse le totalitarisme en le combattant avec les armes de l'esclavage. »

Je relèverai les copies après mon sermon de dimanche… !

** Une exposition consacrée à Clovis Trouille  a lieu à l’Isle Adam jusqu’au 10 mars 2010

Ce billet est un peu long, mais par respect pour son auteur, je ne pouvais le saucissonner… !

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Ce billet est un peu long, mais je ne pouvais par respect pour son auteur le saucissonner… !

L’église se sentant attaquée a entrepris une campagne de Pub… !

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Commentaires
J
Cela devrait vous intéresser ! :-)<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.theatrepoeme.be/programmation/la-bonne-parole-du-cure-meslier/
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N
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N
J'ai mis le temps ..j'ai lu .<br /> .délectable....<br /> ...et LES PUBS QUI SONT ASSOCIEES A TON ARTICLE ....délicieuses !!!
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L
J'espère que j'aurai le temps de le lire avant Pâques quand même ! Quelle bonne idée , fonder ta propre religion...mais si c'est en tablant sur du gigot à l'aïl , c'est Taomugaïa qui va rappliquer ! Tu veux un peu de poisson ? (LOL) Bisous véloces
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M
...nous l'avait bien dit pourtant : un tiens vaut mieux que deux tu l'auras et Brassens avait renchéri là-dessus en plusieurs occasions.<br /> Franchement lucide cet homme d'église ! il avait compris bien des choses sans le secours de certain pathos philosophique.Je loue sa prudence aussi : ses écrits l'auraient conduit tout droit au trépas (et à l'humiliation ce qui n'était pas le but recherché), du fait de Louis XIV ( le grand ? ) ou du fait de l'institution ecclésiastique.Tout est frappé du sceau du bon sens, de la logique, et tout est clair comme de l'eau de roche.Franchement, en appeler aux mânes de Jacques Clément et de Ravaillac, même si les motifs sont "limite", ça en dit long sur son écoeurement.<br /> Marrant, comme les auteurs de fabliaux au moyen-âge ne se trompaient pas d'ennemis.Le nombre de ceux-ci consacré aux prêtres est impressionnant et le rôle qu'ils tiennent n'est pas à leur avantage.<br /> Superbe texte de la part de ce religieux hérétique, je le répète.<br /> S'agissant des politicards, je précise que si j'aime bien taper sur ceux qui dirigent le pays, il faut attendre de voir ce que je réserve aux successeurs : aucune illusion à avoir chez cette clique de privilégiés.<br /> P.S : tableaux et illustrations sont de premier choix.
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