Cette église romane, la plus ancienne de la vallée de L’Orb repose sur les fondations d’un antique sanctuaire chrétien installé à la fin du IV ème siècle dans le site gallo-romain de Rhèdes, lui-même construit sur le site d’un temple païen. St Pierre de Rhèdes fut, dès l’origine, une église paroissiale. La première mention attestant d’une église en ce lieu date du Xème siècle (« Castrum quem vocant Mercariolo… cumipsa ecclèsia Sti-Petri » extrait du testament de Guillaume, vicomte de Béziers en 990).
Son territoire comprenait les actuelles communes d’Hérépian, les Aires, Lamalou les Bains, le Poujol sur Orb et Combes .L’appellation de l’église va sans cesse évoluer (Sti-Petri ad Rodas : 990, Sti-Petri de Reddes : 1182, Reddes : 1209, Redesio : 1323, Reddis : 1351). L’origine du nom paraît être gallo-romaine mais on peut émettre une origine wisigothe, rhedde désignant les chariots de voyage utilisés par les Wisigoths. En 1182, St Pierre de Rhèdes va appartenir sans contestation à l’abbaye de Villemagne
qui va y établir un prieuré et ce, jusqu’à la révolution.
Lors des guerres de religion (XVI ème, XVII ème siècles) l’église sortira ruinée. Le pillage et la destruction sont à mettre au crédit des Huguenots. Lors de sa visite pastorale en 1636, l’évêque de Béziers constata la destruction de St Pierre, il ordonna sa restauration, mais ce n’est qu’en 1659, plus de vingt ans après, que la voûte du chœur et de la nef furent reconstruites. Par contre le cloître ne sera jamais reconstruit. L’église, sans habitations nombreuses aux environs est le chef lieu d’une paroisse très dispersée ; les habitants de Villecelle, berceau de Lamalou, obtiennent en 1740 le droit d’avoir une chapelle paroissiale. Dés lors St Pierre isolée, semblera veiller sur le cimetière.
Pour la construction de l’édifice, le bâtisseur a utilisé les matériaux qu’il a trouvés sur place : du gré rose friable pour les murs, de la lauze pour le toit,
et du basalte (pierre volcanique de couleur noire) pour la décoration extérieure ; mais il a également réemployé des éléments hérités de l’Antiquité. La façade Sud, est variée dans son rythme du fait des ouvertures et décors. Corniche ornée de rangs de billettes. Archivoltes des fenêtres décorées d’un demi-cercle de basalte. Chapelle funéraire d’une riche famille désireuse de trouver protection en ce temps difficile (XVII ème siècle) faisant saillie sur l’édifice. Le portail Sud avec deux colonnes de marbre antiques réemployées provenant d’un temple païen.
Leurs chapiteaux sont surmontés de tailloirs romans décorés de billettes et ponctués de trous de trépan. Un tympan décoré d’incrustations de basalte qui dessine un arc de cercle constitué de dents de scie.
Ce cadre entoure une croix pattée, elle même inscrite dans un double cercle de marqueterie. Cette croix symbolise les saisons, les quatre points cardinaux et les éléments qui constituent la vie : eau, terre, feu et air. Un linteau en un seul bloc, qui a reçu un décor défini comme étant la reproduction stylisée de deux caractères de l’alphabet arabe : l’Alef (a) et le Lom (b). La façade Est : l’abside ; bandes typiques du premier art roman. -Arcs géminés ornés de sculptures animales. Lésènes (piliers en reliefs) peu épaisses (décor architectural). Fenêtre en relief à gauche de l’Orant, rare dans la région, (personnage représentant à la fois St Pierre et St Jacques de Compostelle.
Il tient d’une main le bâton du pèlerin et de l’autre la crosse et la bible. La façade Ouest : Ressaut prenant appui sur des modillons sculptés (gargouilles) représentants des formes géométriques et figuratives.
Massif du clocher arcade remanié. La plus grande partie des incrustations de basalte. La façade Nord. Cette dernière reste très simple car autrefois s’érigeait ici les bâtiments claustraux.
A remarquer le rang de billettes sur le haut de la façade (entre les feuilles). La petite porte centrale se nommait « la porte des morts »
(Petite porte, visible entre les arbres)
car autrefois les corps ne franchissaient pas le seuil de la porte principale, ouverte sur le cimetière, sans être bénis.
La nef est simple et homogène. Sa particularité est d’être séparée en cinq travées par des colonnes jumelles. Elle se prolonge par une travée de chœur précédant elle-même l’abside semi-circulaire ; qui se caractérise par trois absidioles creusées dans l’épaisseur des murs, ébauche d’un transept à faible saillie à l’extérieur. Dans la nef : fragments d’autels de chaque côté de l’entrée, dont un date de l’époque gothique. Bénitier simple du XIIème siècle taillé dans une pierre tendre. Présence de deux bancs de pierre le long des murs. Notre Dame de Capimont,
devant « la porte des morts » plâtre d’une statue du XIIème dont l’original se trouve dans l’église de Clairac (vierge récupérée par les habitants lors des guerres de religions). La vierge tient l’enfant de face sur ses genoux et non dans ses bras, et ce dernier tient une colombe dans les mains. Chapiteaux ornés de sculptures animales pour la première et dernière travée,
(lions, tête de bélier) et végétales pour celles du milieu (fougères, et acanthes). Dans l’abside : Trois absidioles, qui ont chacune une particularité. Absidiole Sud : un ancien autel postérieur à la construction de l’édifice, un tabernacle en bois doré qui daterait du XVIème siècle. En haut de la colonne on aperçoit un orant. Présence d’un sarcophage datant de l’époque Mérovingienne (VIIème siècle),
découvert en 1888 lors de travaux de restauration. Absidiole Est : « La tête du christ en gloire » moulage en plâtre,
l’original du XIIème siècle est à la Société archéologique de Béziers. Absidiole Nord - Bas relief de St Pierre, ce marbre blanc, très patiné date de la fin du XIIème siècle en raison de la forme des vêtements.
J'espère que vous apprécierez plus ce témoignage magnifique de l'art roman et que le montage vidéo-photo suivant ne vous déroutera pas comme l'a fait mon billet précédent sur l'art comtemporain...!
Musique : Laudate Dominum Vesperae solennes de confessore- K. 339 de Mozart