Je vous avais parlé des « Faux Culs » lors d’un précédent billet, je dois vous avouer que nos élus ne sont pas mal dans leur genre !
Les échéances électorales étant très proches, nos hommes et femmes politiques ont revêtus leurs plus beaux atours de courtisan.
«Ménager, caresser, amadouer, capter les amours-propres, les intéresser et les gagner à sa cause, c'est tout l'art du courtisan et les trois quarts de l'art du diplomate ». (AMIEL, Journal, 1866)
C’est à celui qui fera le plus de ronds de jambe, et nous graciera de son plus beau sourire dans le seul but de nous séduire, en nous promettant que cette fois-ci, promis, juré, il ou elle ne tombera pas dans les erreurs du passé, le paradis est pour bientôt.
Dans le genre : « Je vous ai compris ! » on n’a pas trouvé mieux.
Ah ! Bon ! Comme c’est bizarre d’avoir mis si longtemps à nous comprendre. Personnellement, j’ai depuis longtemps compris que la vaseline, je préférais l’utiliser pour mes lèvres gercées que de la mettre là où ils pensent afin de me « baiser » une fois de plus !
Je ne tiens pas à décourager ceux ou celles qui apprécient (avec ou sans vaseline) de communier les yeux fermés à cette pratique, pour ma part j’ai décidé d’apprendre le bilboquet.
C’est moins dangereux et, quand j’en aurais assez de me faire taper sur la main par une boule qui ne se logera pas là où je veux, il me suffira de dire « Pouce ! Je ne joue plus, ça fait trop mal ! ».
Nos politiques sont passés maître dans l’art et la manière d’être de parfaits courtisans.
Le mot de « courtisan » a été emprunté à l’italien, par l’intermédiaire de la cour pontificale d’Avignon (1309-1378). L’ouvrage (Il Cortegiano « Le parfait courtisan ») de Baldassare Castiglione, publié en 1528 et traduit dans toutes les langues européennes a contribué
à répandre ce mot.
Sous Henri III, la bonne recette pour être un parfait courtisan était autant prisée que le bilboquet.
« Prenez trois livres d’impudence, mais de la plus fine, qui croît en un rocher qu’on nomme front d’airain, deux livres d’hypocrisie, une livre de dissimulation, trois livres de la science de flatter, deus livres de bonne mine ; le tout cuit au jus de bonne grâce, par l’espace d’un jour et d’une nuit, afin que les drogues se puissent bien incorporer ensemble : après il faut passer cette décoction par une étamine de large conscience ; puis, quand elle est refroidie, y mettre six cuillerées d’eau de patience et trois d’eau de bonne espérance. Voilà un breuvage souverain pour devenir vrai courtisan, en toute perfection de courtisanisme ».
Henri Estienne (Deux dialogues, 1578)
Deux siècles plus tard, Montesquieu, dans l’esprit des lois, en 1748, nous en donne une autre définition :
« L’ambition dans l’oisiveté, la bassesse dans l’orgueil, le désir de s’enrichir sans travail, l’aversion pour la vérité, la flatterie, la trahison, la perfidie, l’abandon de tous ses engagements, le mépris des devoirs du citoyen, la crainte de la vertu du prince, l’espérance de ses faiblesses, et plus que tout cela, le ridicule perpétuel jeté sur la vertu, forment, je crois, le caractère du plus grand nombre des courtisans. »
Je terminerai mon propos par cet extrait du Mariage de Figaro de Beaumarchais (27 avril 1784) :
Figaro : J’étais né pour être courtisan.
Suzanne : On dit que c’est difficile.
Figaro : Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots.
Parmi ces exemples, quelques expressions ne sont plus d’actualité, mais nos courtisans ont de l’imagination pour les mettre au goût du jour.
Et si une femme était en passe d’être élue ; ne serait-elle pas tentée de se déguiser en EVE, pour nous présenter le fruit de la tentation ?
Quand le ver est dans le fruit, difficile de l’en déloger, il est trop tard !