Sous le charme de Balzac et La Petite Tailleuse Chinoise!
Après « SAMSARA » (article du 25 juin); « Balzac et la petite tailleuse chinoise », film auquel j’ai pensé, en rédigeant mon article d’hier sur les rapports de l’Homme avec la Nature. Ce film a été tourné dans la province de Hunan où la nature est encore préservée.
Dans la Chine de Mao, tout le monde vit toujours sous le joug de la Révolution Culturelle. Savoir lire, c’est déjà faire partie des intellectuels avec qui le gouvernement ne plaisante pas. Il faut tous les rééduquer, en les envoyant dans les campagnes travailler chez les paysans, dans les rizières ou dans les mines pour les mettre en contact avec la dure réalité, telle était alors la politique de Mao. Deux jeunes adolescents, Luo et Dai, fils d’intellectuels appartenants au milieu médical et scientifique, et à ce titre considérés par l’appareil du parti comme des “ennemis notoires du peuple”, sont envoyés en rééducation dans une région perdue de l’Empire du Milieu.
Aux confins du Tibet, la Montagne du Phénix du Ciel porte bien son nom ; décor sauvage de pics aigus, escalier de pierre qui se perd dans les nuages.
Là-haut, une minuscule vallée perdue, un lac ; là est le village et ses habitants rustres, frustes, illettrés, à l’image de leur chef. Dai et Luo s’installent dans leur nouvelle vie de rééduqués ; corvées avilissantes, travail épuisant dans les rizières, extraction à mains nues du minerai. Pour se maintenir le moral, il leur reste quelques histoires, quelques films à se raconter; et le violon de Dai,
sauvé de la destruction en rebaptisant une sonate de Mozart, au profit de la gloire de Mao. Mais finalement cela fait bien peu, face à la dure réalité de leur nouvelle vie.
Ils font la connaissance du vieux tailleur, possesseur d’une inestimable machine à coudre d’un autre âge, mais incontestable symbole de modernité, loin de la civilisation occidentale et de Su, sa ravissante petite-fille.
Un jour, les deux jeunes découvrent un roman de Balzac, petit livre tellement dangereux, mais tellement magique, qu’ils le lisent en cachette. Ils vont pouvoir s’évader mentalement. Balzac changera le cours de leur vie, en leur ouvrant la porte de la petite-fille du tailleur et en leur permettant de rendre possible ce qui ne l’aurait peut-être jamais été.
« Balzac et la petite tailleuse chinoise », c’est un conte, un moment magique dans le temps, une expérience dans la vie de trois personnes dans une période trouble sous le régime de Mao. Ce film aurait pu être une histoire de persécution politique, douloureuse et sombre. Ce n’est pas le cas, ce film est habité par l’espoir, l’humour et la beauté sauvage des lieux. Comme spectateur, on s’attend à ressentir la douleur de l’exil, la solitude exacerbée, il n’en est rien. Par exemple, un moment savoureux, celui de l’intervention de chirurgie dentaire improvisée sur le chef du village, une scène hilarante. Et que dire de Balzac l’Écrivain, source inépuisable de récits, lesquels surprennent les villageois. Même endoctrinés, ils sont si friands de ces histoires que Luo et Dai se découvrent des talents de conteurs pour améliorer leur sort. Personne ne se doute que ces contes proviennent directement d’un livre et pire encore, d’un écrivain Français……le diable en personne !
Des décors naturels à couper le souffle;
des moments de pure magie, des scènes loufoques malgré le contexte du film.
Un film à voir absolument !
Une anecdote : à la fin du film, tout le monde a attendu la fin du générique pour se lever; nous étions encore sous le charme!
Sources : Cinémovies et Cinéfil