L’organisation de la ruche, l’obstination laborieuse des chercheuses de pollen ont frappé l’attention des souverains, qui ont pris l’abeille comme symbole de leur action et, dans la mesure où la reine de la ruche n’a pas de dard, comme signe de leur volonté de paix.
Ainsi Louis XII (1498 – 1515) entra dans Gènes en habit blanc semé d’abeilles d’or portant la devise « Rex non utitur aculeo » (Le Roi ne se sert pas d’aiguillon).
Le Pape Urbain VIII (1623 - 1644) sema sur les monuments romains les trois abeilles héraldiques de la grande famille des Barberini, à laquelle il appartenait.
A cause de ses sympathies pour Paris, où il avait été nonce, on inscrivit sur son blason : « Gallis mella dabunt, Hispanis spicula figent » (Elles donneront du miel aux Français. Que leurs dards piquent les Espagnols) ! A quoi un Espagnol répondit : « Spicula si figent, emorientur apes » (Si elles enfoncent leurs dards, les abeilles meurent).
Pour mettre tout le monde d’accord, Urbain VIII s’empressa de propager ce distique :
« Cunctis mella dabunt, nulli sua spicula figent
Spicula nam princeps figere nescit apium » (Elles donneront du miel à tous, et ne piqueront personne, car le roi des abeilles ne sait pas piquer).
Le premier souverain d’Occident à utiliser l’abeille pour emblème fut Childéric 1er (457 – 481), père de Clovis, dont le trésor, retrouvé à Tournai en 1653, comportait des mouches à miel en émail cloisonné.
Le dernier fut Napoléon, dont le manteau, lors de son sacre, était tout brodé d’abeilles d’or. Ce symbole, quand il fut copié par le Second Empire, permit à Victor Hugo d’invectiver Napoléon III dans Les Châtiments (1853) :
« O sœurs des corolles vermeilles,
Filles de la lumière, abeilles,
Envolez-vous de ce manteau ».
« Les abeilles pillotent de çà de là les fleurs, mais elles en font après le miel qui est tout leur ; ce n’est plus thym ni marjolaine". (Montaigne, Essais, 1588)
La manière dont le miel est produit par l’abeille à partir de la fleur a paru symbolique de l’art d’acquérir une culture personnelle à partir des livres d’autrui.
Autodidacte, j'ai beaucoup butiné dans les livres, curieux et gourmand, je ne suis pas prêt de m'en lasser!