Je sais qu’en ce moment il y en a qui souhaitent ma mort, désolé de les décevoir, ils devront patienter tant que je n’aurais pas choisi mes funérailles.
Il y a quelques jours, alors qu’Hue et Dia étaient occupés à essayer de trouver des solutions à mes calculs, j’ai profité d’une nuit blanche pour calculer (moi aussi) combien je pourrais éviter de donner aux Pompes Funèbres à l’insu de mon plein gré.
A force d’être maltraité en ce bas monde, je n’avais plus qu’à aller voir le Dieu du Paradis des Suricates, on m’a dit que c’était le Web master à contacter pour obtenir le droit de râler encore.
Il ne m’a accordé que cinq minutes pour écouter mes griefs envers les Dieux de ce bas monde.
Son conseil :
- « Mon vieux, (il n’allait quand même pas me mentir), vous me paraissez avoir encore de beaux restes, l’ancien il avait de sacrés yeux pour s’en être aperçu, il est vrai que je n’avais pas osé me présenter en tenue d’Adam, de peur d’être chassé trop vite, continuez à râler, mais pensez à préparer votre dernier voyage… !
Je retournais au grand galop chez moi.
Je me réveillais en sursaut, tremblant de fièvre, j’avais dû m’assoupir quelques instants.
Pour calmer Hue et Dia qui cognaient de plus en plus fort contre les cloisons de leur laboratoire, j’ai pris deux dolicrânes qui eurent pour effet de calmer tout mon petit monde et me plonger dans un demi sommeil oh combien le bienvenu.
Je me suis réveillé lorsque Hue et Dia ont repris leurs calculs, je me souvenais d’un rêve ou d’un cauchemar, je vous laisse juger.
Rêve ou réalité… ?
Je m’étais rendu dans un de ces établissements que je ne nommerai pas, un endroit où il n’y a jamais de chômage, ou de licenciement. Les mecs, ils sont assurés de voir presque tout le monde passer chez eux, et encore, ils ont trouvé le moyen de proposer leurs services aux familles des contestataires, si vous voyez ce que je veux dire, ceux qui ont décidé de se faire la malle en douce, ni vu ni connu, tu ne me plumeras pas… !
Si demain nous risquons de manquer d’or noir, eux, ils s’en foutent comme de leur première chemise, le macchabée c’est de l’or en barre, le filon est inépuisable, selon les derniers calculs de mes deux « Einstein », nous en avons pour Ad Vitam Aeternam, ce n’est pas pour rien qu’ils ont adopté la devise qui rassure le cochon de payeur :
« Dans le macchabée tout est bon ».
Dés le seuil franchi, j’entends de la musique douce, sirupeuse, pas de quoi réveiller un moribond, style marche funèbre ou messe des morts de Campra, le genre qui te fout le bourdon dans le calcif, Chris, tu vois il y a des bourdons partout… !
Un monsieur sorti de je ne sais où comme une araignée qui sans prévenir se jette sur sa proie, guindé dans un costard gris, raide comme une trique, à croire qu’il avait oublié de laisser le cintre au vestiaire s’avance vers moi.
- Putain ! Il y a combien de temps qu’il n’a pas souri… ?
De plus, il est en harmonie avec le genre de la maison, à force de s’occuper du monde souterrain, à moins d’être caméléon, il est conforme à ses clients : pâle comme un mort.
(Dessin de Casal)
- Vous venez pour les obsèques d’un proche ?
Désarçonné par sa question, j’ai failli lui répondre :
- Euh ! Non ! Je passais dans les parages, j’ai poussé la porte par hasard, je suis à la recherche d’un endroit calme où je ne serai pas dérangé par les voisins, j’ai l’intention d’organiser un séminaire sur l’art et la manière de s’enrichir en s’occupant du futur de son prochain, mais dans le présent… ! Il faut profiter de la vie, vous n’auriez pas une petite idée ?
Me ravisant, je préférais ne pas le prendre à revers, il y avait trop longtemps que j’attendais ce moment où j’allais pouvoir me rendre réellement compte jusqu’où ces croque morts étaient prêts à profiter du malheur des gens pour les plumer… !
La Bernache, gaffe à tes plumes, ils récupèrent un max.
- Enfin, pas tout à fait, vous connaissez l’adage « On n’est jamais si bien servi que par soi-même » ; je viens vous demander conseil pour préparer mes funérailles.
Voyant que tout n’était pas perdu, une légère moue, à peine l’ébauche d’une risette, scintilla dans son regard. Le gus, il était déjà en train de mettre en marche sa calculette.
- Je suis tout à votre service… !
- Je n’en doute pas « cher monsieur Connard » titre que venait de me souffler Hue, venant d’évacuer un calcul, difficile à résoudre, nous envisageons, le temps venu, de faire transférer nos cendres au Panthéon.
(Photo perso)
Je ne te dis pas la tronche du mec en écoutant mon royal langage, le « Nous », le déstabilisait, avait-il à faire à un Seigneur… ? Contre toute attente, ce n’est pas dans les habitudes de la maison où tout petit service est facturé, jusqu’à présent, c’est une des seules choses qu’ils n’ont pas réussi à te faire casquer ; vous ne voyez pas… ?
Il me gratifia d’une risette, réminiscence d’une enfance où il avait fait ses premières armes signe d’une précocité affirmée pour la thanatologie, en essayant de tuer tout ce qui volait, rampait ou nageait, chaque trophée était suivi d’ensevelissement dans des boites d’allumettes ou de chaussures.
(Dessin trouvé chez moatthieu.over Blog)
Imaginez, facturé sur le devis (malheureusement non lu par la famille, quand au mort, mis à part un flacon de l’Abbé souris pouvant le ressusciter pour protester que ce n’est pas marrant de rire en de telles circonstances) :
§ Deux risettes de trois secondes à 50€ H.T la seconde : 300€
§ Un demi sourire de deux secondes à 80€ H.T la seconde : 160€
§ Trois sourires de quatre secondes à 120€ H.T la seconde (dégressif à partir de cinq) : 1440€
Total TTC : 2272,4€
Mon choix du Panthéon allait par la suite me dévoiler toute la panoplie dont dispose ces vautours pour nous gruger.
Là, d’un coup, j’avais droit à du cher Monsieur, le constipé des zygomatiques n’osant encore me donner du Monseigneur.
- Cher Monsieur, afin de vous satisfaire, ce qui est notre seule motivation, là, il ne manquait pas d’air, il suffisait de regarder ses yeux, les Dollars, Euros, Yens s’y étaient donnés rendez-vous en direct de la Bourse pour calculer le joli pactole à venir, prêt à convoquer un de ses thanatopracteurs pour préparer deux coupes de champagne, il n’allait pas servir de la bière à un Prince, même si la spécialité de la maison, la mort subite, leur avait assuré une certaine notoriété; quel budget désirez-vous y consacrer ?
- Je ne vais pas chipoter, vous avez carte blanche.
- Je vous suggère de venir choisir votre cercueil.
(Trouvé chez Koreus.com)
Choix du cercueil
- Pas question de vous montrer nos premiers modèles qui ne seraient pas dignes d’accueillir votre auguste dépouille et d’être exposé dans notre grand salon en attendant le jour de vos obsèques.
- Ce que nous avons de meilleur, c’est celui-ci, modèle dont nous avons l’exclusivité, et qui peut dès à présent être aménagé selon votre bon vouloir ; les Princes et Princesses se battent à mort pour être sûrs d’être livrés à temps.
- C’est notre Rolls Royce, il suffit d’y mettre le prix et vous êtes en tête de liste sur la longue file d’attente.
(Trouvé chez jemeclate.com)
- Ce modèle est réalisé par de vrais ébénistes à partir de plusieurs essences de bois précieux, afin d’être au plus près de nos heureux bénéficiaires nous n’utilisons que des arbres morts.
- Ah ! Vous me rassurez !
- Touchez ce vernis Martin, treize couches ont été amoureusement appliquées au tampon, afin d’obtenir ce brillant si particulier que nous garantissons à vie.
- Si vous le dites, je ne mettrai pas en doute sa longévité quand on connaît la durée de vie pour un mort !
- Cher Monsieur, nous avons poussé la perfection comme en son temps Stradivarius l’avait fait pour que ses violons aient une âme… !
- Bon, l’histoire d’âme, qui devait s’envoler ou rester dans le cercueil violon, mis à part que j’avais en face de moi un spécialiste, un mélomane qui me jouait sa partition ; je n’avais jamais imaginé qu’on pouvait faire vibrer l’âme d’un cercueil, quand à la mienne, il y a longtemps qu’elle se fait la malle chaque jour un peu plus, alors quand il n’y aura plus d’âme qui vive, on pourra taper sur des bambous, l’effet sera le même, je serai aux abonnés absents… !
- Oh ! J’allais oublier ! Nous pouvons réaliser une découpe à hauteur du visage, afin que vos proches et nombreux amis qui viendront vous rendre un dernier hommage, puissent emporter l’image impérissable de votre noble visage…Ben voyons, comme pour guignol, le spectacle est dans la fenêtre ; de plus, il était entrain de penser à ne pas oublier de me proposer l’embaumement, pour la pyramide je devais attendre qu’il aborde la construction de mon mausolée, il va de soit que nous n’utilisons que du pur cristal de roches, qui diffusera des reflets irisés.
(Dessin Jardin)
- Allons y pour votre proposition, ce n’est pas tous les jours qu’on est à la une du petit écran. Je n’osais lui demander si on pouvait rajouter un prompteur dans le cas où j’oublierai mon texte… ! Euh ! Ne rigolez pas ils sont capables de tout proposer, même un souffleur comme au théâtre… !
- Pour les poignées, je ne vois que de l’or, nos émirs en choisissant ce noble métal ne se sont pas trompés sur son inaltérabilité, elles sont réalisées par le meilleur ouvrier de France, formé à l’école Boulle, une référence en la matière vous garantissant un pur chef d’œuvre.
- Tant qu’à faire pouvez-vous y faire figurer mes armoiries ?
- Mais quelle bonne idée… !
Là, j’ai cru que sa machine à sous allait faire sauter la banque, vous auriez vu ses gobilles, plein de piques, la série parfaite (normal vu sa profession, ceux qui se font tirer les cartes comprendront, il ne pouvait pas décemment tirer des trèfles… !) venaient de s’y afficher, il attendait la chute des pièces dans son tiroir caisse… ! Je ne l’avais envisagé que pour le drapeau qui envelopperait votre cercueil… !
- Une chose à ne pas négliger, votre confort à l’intérieur du cercueil. Qu’allait-il encore vouloir me fourguer… ? Pour le fond un petit matelas à ressort…Mince ! Je n’avais pas pensé qu’on pouvait faire du trampoline pour se dégourdir les jambes ; alors là, chapeau ! Quelle classe dire que j’allais oublier que le séjour risquait d’être long, en plus, je dois l’avouer j’ai le dos fragile… !, anti-acarien vous soutiendra parfaitement.
J’ai failli lui demander et pour les vers, vu que c’est le dernier salon où l’on en compose… ? avec le petit coussin tout en dentelles du Puy, qui vous assurera une position favorable…Tu penses, quand on est raide, on est raide… ! , en donnant à votre visage l’impression que vous n’êtes qu’endormi…Là, j’ai eu un frisson, je me voyais endormi pour l’éternité, me réveiller brusquement pour me rendre compte que j’étais bien mort. Je n’ose imaginer le choc, obligé de retourner m’allonger et d’attendre que les trompettes du jugement dernier sonnent le réveil. Le hic c’est que même si tu as envie de sortir prendre l’air, quand tu es athée, tu es certain de ne pas voir ces conneries arriver… ! , coussin assorti au capitonnage en soie naturelle, la même utilisée par un grand couturier, Copa Baranne, à ce sujet, nous pouvons aussi nous occuper de la réalisation de votre costume, c’est un grand maître en la matière, un spécialiste de l’au-delà qui nous a annoncé plusieurs fois la fin du Monde… !
Heureusement qu’il s’est planté, il y aurait eu embouteillage aux portes du Paradis et de l’Enfer. Vous imaginez la scène, à la queue leu leu comme des canards ; St Pierre, tout en haut (c’est écrit dans la Bible) avec un porte voix en train de gueuler qu’il a trop de clés d’un coup à sortir de son trousseau ; et tout en bas (vous vérifierez par vous-même) Satan en bleu de chauffe, les griffes sur les commandes des brûleurs incitant en ricanant la foule immense de se calmer, de prendre une boisson chaude en attendant ; tout le monde serait servi, il n’oublierait personne, il n’y avait pas le feu au lac de lave… !
A Suivre… !
Pour vous faire patienter, mais attention à ne pas mourir de rire, je n’ai pas fini d’organiser mes futures joyeuses funérailles…!
bande annonce
envoyé par JOYEUSES_FUNERAILLES