Sisyphe n'est pas mort...!
(Photo perso)
Lors d’une promenade dans les jardins du Luxembourg, en voyant cette sculpture « Sphère » de Jeanne Bouchard, faisant partie de l’exposition : "Du vent dans les branches", j’ai de suite pensé à Sisyphe, et fait la relation avec le livre d’Albert Camus « Le mythe de Sisyphe », où au début du chapitre, L’absurde et le suicide,
il écrit :
« Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l’esprit a neuf ou douze catégories vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d’abord répondre… ».
(Photo perso)
J’en viens à me demander si la majeure partie de notre vie nous ne la passons pas à pousser notre rocher, rocher fait de l’amalgame des interdits d’une société castratrice, des premiers conseils de notre environnement familial qui au lieu d’alléger notre charge émotionnelle due à la découverte d’un environnement non sécuritaire, loin de la chaleur intra utérine, alourdit ce fardeau.
(Tableau Wofgang Mattheuer)
Combien avait raison Ménalque, porte parole d’André Gide dans Les Nourritures terrestres quand il nous lance en pleine figure son : « Familles, je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur… ».
Heureusement, qu’il y a des moments où ce viatique bien encombrant nous semble plus léger,
nous voyons à travers une éclaircie le sommet bien proche ranimant notre espoir qu’enfin, ce rocher, nous allons le jeter définitivement de l’autre versant, il nous semble alors si léger qu’une main devrait suffire.
Ce n’est pas sans compter sur un grain de sable issu d’on ne sait où et qui nous fait lâcher notre fardeau du mauvais côté, le précipitant tout en bas… ! Ah ! Qu’il faudra avoir du cœur pour se remettre à la gravir cette chienne de montagne de vie, ou du moins ce qu’il en reste.
(*Tableau Sejo Vieira)
" Et je vis Sisyphe qui souffrait de grandes douleurs et poussait un énorme rocher avec ses deux mains. Et il s'efforçait, poussant ce rocher des mains et des pieds jusqu'au sommet d'une montagne. Et quand il était près d'en atteindre le faîte, alors la masse l'entraînait, et l'immense rocher roulait jusqu'au bas. Et il recommençait de nouveau, et la sueur coulait de ses membres, et la poussière s'élevait au-dessus de sa tête. "
Et je me demande toujours s’il existe un autre versant, bien au-delà, où personne ne sera comptable de mes faits et gestes en m’obligeant à être Sisyphe… !
(Tableau Sejo Vieira)
* Seijo Viera, peintre transréaliste Portugais décrit sa toile par : « Sisyphe poussera éternellement sa pierre, le sage continuera à méditer sur les mystères de la vie, et pendant que Jésus joue à cache-cache dans un coin de ma toile, Marie et Joseph s´apprêtent une fois de plus à recevoir les dignitaires venus de l´orient ».
P.S: Je suis conscient que mon rocher il est plus lourd ou plus léger, en fonction du combat entre mon moi intérieur et mon moi extérieur.