Qui a dit que je me suis reposé… ?
(Photo Kobas Laksa)
Pause, n’a jamais signifié ne rien faire. Si mon clavier a moins reçu de coups de griffes qu’en temps normal, mes pattes ont par contre été mises à contribution.
Il y a deux jours, j'ai lancé une idée en l'air (je vous rassure, elle ne m'est pas retombée sur le coin de la figure...!):
"Les filles si on allait jusqu'à l'abbaye de St Antoine à pied...?"
Le défi a été relevé par mes deux petites filles (14 et 13 ans), les 25 Kms à effectuer ne leur semblant pas impossible à faire; ce qui n'était pas de l'avis de leur grand-mère...!
Ce petit bout du chemin des étoiles nous l'avons dégusté et j’y associe un ami virtuel (il se reconnaîtra ; j'ai ouvert les yeux pour lui).
Un peu d’histoire :
D’après la légende, les reliques de Saint Antoine sont ramenées vers 1070 de Constantinople en Dauphiné par Geilin, un seigneur local ; elles sont déposées au village de la Motte aux Bois, qui prend alors le nom de Saint-Antoine.
En 1088, des bénédictins sont dépêchés de Montmajour afin de surveiller la construction de l’église qui doit abriter les reliques et assurer l’accueil des pèlerins.
Il est fondé par ailleurs, une maison de l’Aumône, par des sœurs et des frères hospitaliers au service des pauvres et des malades.
Au milieu du XIIème siècle, ces hospitaliers se voient octroyer le droit de quête, l’exemption de tributs et péages, après avoir fondé plusieurs maisons en Italie, en Allemagne et dans les Flandres. Ainsi se multiplient les sources de conflits avec les Bénédictins, qui, chassés en 1289, sont officiellement congédiés par le Pape Boniface VIII en 1297.
Dés lors, la maison de L’Aumône est érigée en Abbaye, les hospitaliers deviennent chanoines réguliers de Saint-Antoine. Ils se distinguent par leur science novatrice en matière de médecine lors des grandes épidémies. Plus particulièrement voués aux soins des malades frappés du *Mal des Ardents, sorte d’empoisonnement du sang dû à l’absorption d’un champignon parasite du seigle, ils construisent à Saint-Antoine même, maison mère de l’Ordre, plusieurs hôpitaux.
Aux 14ème et 15ème siècles, l’Ordre est à son apogée. Les guerres de religion semblent condamner l’Ordre au déclin. Abbés et religieux fuient l’Abbaye livrée à la cupidité des pillards : Les bâtiments conventuels sont dévastés, les façades mutilées, es sacristies, les archives et la bibliothèque perdent d’irremplaçables trésors.
Dès le 17ème siècle, les religieux tentent de redresser l’Ordre. Les abbés entreprennent des rénovations d’envergure.
Eb 1768, l’Edit promulgué par Louis XV visant la suppression des congrégations religieuses ne comprenant pas plus de vingt membres par maison porte un coup fatal à l’Ordre qui, dans un ultime sursaut s’unit à celui de Saint-Jean de Jérusalem.
Les chevaliers de Malte ne séjournent pas longtemps à Saint-Antoine cédant l’Abbaye à des chanoinesses de leur ordre.
La Révolution entraîne la vente des bâtiments au titre des biens nationaux ; de nombreux objets d’art et peintures sont transportés à Grenoble lors des saisies révolutionnaires.
L’église devenue paroissiale en 1802 est classée Monument Historique par Prosper Mérimée en 1840. Considérée comme l’une des réalisations gothiques les plus remarquables du Dauphiné, édifiée en grande partie entre le 13ème et le 15ème siècle,
elle est dotée d’une nef haute et unique. Les collatéraux sont ponctués de chapelles richement ornées de peintures murales.
(Source :Office tourisme St Antoine)
*De tous les fléaux qui déciment les populations au Moyen âge, le « mal des ardents » ou feu Saint Antoine » est l’un des plus meurtriers. Ce mal sévit dans toute l’Europe et apparaît en Dauphiné vers 1090-1096.
Contractée par intoxication alimentaire, la maladie présente deux aspects distincts : l’un convulsivant, l’autre gangréneux. Elle laisse des lésions irrémédiables, les muscles se raidissent, les membres se gangrènent, accompagnés de plaies purulentes et nauséabondes, une mauvaise irrigation du cerveau provoque chez le malade un état hallucinatoire ; proche de la démence.
Face à ce mal terrifiant, la croyance en la puissance miraculeuse d’un Saint, et plus particulièrement en celle de Saint Antoine, demeure pour de nombreux malades le seul recours. En 1596, la faculté de médecine de Marbourg (Allemagne) attribue l’origine du mal au seigle ergoté (l’ergot est un champignon parasite nommé Claviceps Purpurea) qui, absorbé, entraîne un empoisonnement du sang.
« Le mal commençait par une tâche noire ; cette tâche s’étendait rapidement causant une ardeur insupportable, desséchait la peau, pourrissait les chairs et les muscles qui se détachaient des parties osseuses et tombaient par lambeaux. Feu dévorant, il brûlait petit à petit et enfin consumait ses victimes sans qu’on put apporter de soulagement à leurs souffrances. Plusieurs éprouvaient ses plus cruelles atteintes dans l’espace d’une nuit ; s’ils ne mourraient pas au bout de quelques heures. »
(Ecrit de Sigebert de Gembloux au XIe siècle)
Chemin faisant
Notre promenade en pays St Antonin a débuté à Viriville, en longeant des champs parés de belles fleurs printanières plus propices au farniente qu’à la marche.
Première halte pour admirer la très belle église romane de Marnans.
Le petit lac de Roybon a été le bienvenu pour la pose ravitaillement.
En serpentant le long des collines, nous avons rejoint l’entrée de l’Abbaye ; les filles avaient été à la hauteur des espérances de leur grand aïeul.
La relève pour Compostelle est assurée, il suffit qu’elles franchissent la porte du chemin des étoiles… !