J’ai pris un bain de lait… !
Normal, l’on doit économiser l’eau, alors comme il y a quelquefois surproduction de lait, j’en profite.
Lors de mon billet « Horoscope ou horreurscope du 18 décembre », je vous avais fait part de mon incrédulité face aux débilités des horoscopes.
Je viens de lire et relire*
Devenez sorciers, devenez savants
Je les cite :
La vérité sort du puits
« La preuve que l’astrologie fonctionne et fonctionne même bien, c’est que mon horoscope m’a prédit des choses vraies, des choses qui se sont effectivement produites, qui ont été réalisées. »
Combien de fois n’a-t-on pas entendu de telles paroles ?
Combien d’expériences personnelles de ce type ne présente-t-on pas comme preuves de la validité de l’astrologie ?
Eh bien ! Il faut être clair sur ce sujet : oui, l’horoscope fonctionne, il fonctionne bien en effet. Mais la validité de l’horoscope n’entraîne pas celle de l’astrologie…
Beaucoup de gens sont convaincus de la validité de l’astrologie parce que leur horoscope marche. Ces gens estiment que les retours qu’ils en ont, leurs constatations, certifient la validité qu’ils accordent à la « Science des Signes ». Ils sont ainsi doublement convaincus que leur horoscope leur fournit une base solide pour se comprendre eux-mêmes et agir sur le cours de leur vie, sur leur « destin ».
(Photo Patrick Rogelet)
L’horoscope est signifiant pour ces personnes. En fait, il prend un sens par elles et non pour elles. Il est très difficile de faire passer ce type de réflexion qui va à l’encontre de l’expérience personnelle – « Vous ne pouvez pas dire que cela n’existe pas puisque je l’ai personnellement vécu ! » - c'est-à-dire de la finalité sous-jacente à cette simple préposition « pour ».
L’individu qui lit un horoscope est convaincu d’avoir affaire à son horoscope, que cet horoscope lui était destiné, qu’il a été conçu par une puissance divine à dessein pour lui. sans compter que la satisfaction du client est également à la source d’une rétroaction sur le devin augmentant la crédibilité que ce dernier s’accorde à lui-même et accorde à sa « science », donc sa motivation et, par voie de conséquence, son impact sur le client !
L’effet puits
L’ «effet puits » peut se résumer ainsi : plus un discours est vague – profond pourrait-on dire, profond dans le sens de creux, bien sûr -, plus les personnes qui l’écoutent peuvent se reconnaître, et se reconnaître majoritairement, dans ce discours.
Des expériences ont en effet montré que le pouvoir persuasif de déclarations vagues et générales est supérieur aux descriptions appropriées faites par des psychologues de métier : c’est l’ «effet Barnum**» des sciences humaines. Mieux encore, des études ont montré que, dans le cadre de l’analyse de problèmes personnels profonds, des « oui » ou « non » totalement aléatoires et décidés à l’avance, donnés en réponse à des questions précises, étaient perçus comme des réponses très encourageantes par les personnes posant les questions !
L’effet puits explique, dans une large mesure, le succès des horoscopes. « Vous faites parfois partie des forts » : creuse et, telle quelle, dénuée de sens, cette phrase sera néanmoins acceptée comme foncièrement vraie dans un horoscope car le lecteur – chaque lecteur – l’interprétera de lui-même dans le contexte qui lui donne une signification, « je suis fort en anglais », « je suis fort en bricolage », « je suis musculairement fort » « je suis… ».
Sans compter qu’il existe quelques règles élémentaires à suivre pour augmenter la réceptivité. Par exemple, ne pas dire aux gens ce que l’on sait – ou pense savoir – de vrai à leur sujet, mais leur dire ce qu’ils voudraient qui soit vrai à leur sujet ! […]
Bien sûr, les astrologues se servent à tout propos de l’effet puits. Ainsi Madame Elizabeth Tessier : « Des populations dans le monde souffriront de la violence dans le mois qui suit étant donné que Vénus et Pluton… » Mais ils usent et abusent également d’autres astuces destines à accréditer leurs vaticinations toujours triangulées sur Amour-Argent-Santé. L’honnêteté intellectuelle ne doit pas être la caractéristique première dans la carte du ciel de naissance de moult astrologues. L’habileté, la roublardise s’illustrent quelquefois de belle manière.
Ainsi à un des quatre fils d’un grand Moghol, un dénommé Darah, féru d’astrologie, un devin jura sur sa propre tête qu’il porterait la couronne. Comme on s’étonnait de la témérité de cette prophétie, l’astrologue déclara : « De deux choses l’une : ou Darah montera sur le trône et ma fortune est faite, ou il sera vaincu, puis assassiné, et je n’ai plus rien à craindre de lui. »
Outre l’effet puits, les astrologues n’hésitent pas à mettre deux fers au feu ou plus subtilement un seul fer mais à double face : « Enfin, il ne tient qu’à nous d’opérer une conversion des énergies planétaires, dissonantes, en en extrayant une quintessence positive… »Une chose et son contraire, cala ne pose pas de problème à Elizabeth Tessier dans Votre Horoscope 1993.
Alors vous y croyez encore aux Charlatans qui vous vendent leurs boniments ?
Georges Charpak et Henri Broch peuvent ainsi espérer contribuer à ce que nous sachions mieux nous servir de notre raison face à ceux qui cherchent à profiter de notre ignorance et de notre candeur. Un ouvrage à lire et faire lire autour de vous !
Je vous laisse méditer cette remarque d’Albert Jacquard :
"Intoxiquer les hommes de parasciences pour les transformer en moutons bien dociles".
*Georges Charpak est prix Nobel de physique 1992 et physicien au CERN.
Henri Broch est professeur de physique et directeur du laboratoire de Zététique à l'université de Nice-Sophia Antipolis.
**Les spectacles du cirque Barnum étaient conçus pour qu’il y en ait un peu pour tout le monde, pour que tout le monde s’y retrouve, d’où leur succès.
Georges Charpak et Henri Broch, dans leur livre, vous recommande d’aller sur le site suivant :
http://www.unice.fr/zetetique/articles/astronomic_zodiac.html
Pour vous mettre l’eau à la bouche ; un extrait de ce que vous y trouverez :
« - Toutes les constellations zodiacales qui sont au nombre de... 13 et non de 12 !
Ophiuchus (le Serpentaire) est une constellation zodiacale dont la formation remonte au IVème siècle avant notre ère mais qui a été totalement "oubliée" par les astrologues (alors que sa taille est 3 fois celle du Scorpion qui lui est adjacent !)
- Les tailles réelles des constellations zodiacales
Leurs "dimensions" (trajectoires apparentes du Soleil dans ces constellations) sont en effet très différentes de l'une à l'autre et n'ont rien à voir avec la largeur uniforme de 30° que leur attribuent les astrologues (exemple: le Soleil reste moins de 7 jours dans le Scorpion mais plus de 44 jours dans la Vierge !).
- Le pivotement de la direction de l'axe de la Terre (précession des équinoxes)
La direction de l'axe de rotation de la Terre n'est pas fixe mais, comme celui d'une toupie, se décale lentement pour effectuer un tour en 26000 ans environ. Ce pivotement modifie la position de la Terre sur son orbite à laquelle correspond l'équinoxe de printemps. Ainsi, d'une année à l'autre, et contrairement à ce que clament les astrologues, à un même jour ne correspond pas une même position de la Terre sur son orbite. Depuis la création de l'astrologie "individuelle" il y a près de 2500 ans, la précession des équinoxes a décalé entièrement le ciel astral et les signes zodiacaux ne sont plus du tout situés là où la plupart des astrologues occidentaux les situent (ces derniers se réfugient vers ce qu'ils nomment un zodiaque tropique, c'est-à-dire un ensemble de zones vides de tout astre : de l'astrologie, ils sont ainsi passés à la vacuologie !) ».
Et, en complément sur :
http://www.astrosurf.com/cieldaunis/astrologie/precession.html
Dans les temps anciens, le "point vernal" de l'équinoxe de printemps se trouvait dans la constellation du Bélier. Vers l'an 1 de notre ère, il passa dans la constellations des Poissons : la durée de traversée d'un signe étant de 2 148 ans environ, on se rapprocherait actuellement du passage dans la constellation du Verseau.
Actuellement, la ligne des apsides (grand axe de l'orbite elliptique presque circulaire suivie par la Terre) forme un angle de 12° avec la ligne des solstices, d'où des saisons de durée inégale.
La précession des équinoxes (mouvement rétrograde de 50"2877 par an, soit une révolution en 25 770 ans) se combine en fait avec un autre mouvement : l'orbite du barycentre Terre-Lune tourne dans son plan dans le sens direct d'environ 12" par an (soit une révolution en 100 000 ans environ).
La combinaison de ces deux mouvements (de période 21 000 ans) est appelée précession climatique. Mais, du fait de la précession climatique, tous les 10 500 ans environ, les deux lignes sont superposées, et la durée de l'été égale celle de l'automne, tandis que la durée du printemps égale celle de l'hiver. Une fois sur deux, l'Aphélie tombe en été. Mais quand l'Aphélie tombe au solstice d'hiver, les hivers sont encore plus rudes.
D'autre part la date de début des saisons varie : par exemple le printemps (habituellement 20 ou 21 mars) tombera un 19 Mars en 2044.
Autrement dit : même le découpage du Zodiaque astrologique en signes égaux de 30° censés "suivre les saisons" ne tient pas : en effet, les saisons ne font pas toutes 90° !!! Dire que le Bélier aurait pu s'appeler "début du Printemps" reste valable, mais le Cancer n'est déjà plus "début de l'été"...
Je vous laisse après mon déversement de gros sel, j’ai oublié de consulter mon horoscope… !
P.S : Dans cet ouvrage, ils démontrent d’une façon magistrale comment l’on peut démystifier certaines vérités… !
Percement de la langue...!
Marche sur des braises ardentes...!