C’est beau, c’est BOSCH… !
Si vous avez du linge à laver, vous êtes priés d’aller à Setùbal voir les lavandières!
Le but de ce billet est de vous parler de la beauté éphémère.
Bosch(1450-1516) , à travers ces œuvres, nous invite à méditer sur la fugacité du beau et sur la déchéance des valeurs humaines, à plus ou moins long terme.
C’est ainsi que des peintres du XVI° siècle, ont utilisé le grotesque et le monstrueux, en réaction à la beauté idéalisante et classicisante des humanistes.
Le thème récurant des démons et monstres en tous genres, est présent dans beaucoup de ses œuvres.
Avant de vous inviter à admirer un de ses tableaux, je ferai référence à deux de ses contemporains.
►Quentin Metsys (1466 – 1530) et une de ses œuvres les plus connues :
La vilaine duchesse
Parodie parfaite, extraordinaire des idéaux de la Renaissance :
►Mathias Grünewald (1480 – 1520) et son :
Saint Antoine battu par les démons
(détail)
Le saint est agressé par la meute des grotesques démons ; mélange d’humains, d’animaux et végétaux.
L’imagination débordante de Bosch, pour la création de ces créatures du diable, aux visages maléfiques, déformés, fortement chargés d’expressions difformes se retrouve dans son tableau:
La montée au calvaire
Ce tableau, du musée des Beaux Arts de Gand, nous montre une vision cauchemardesque.
►1 Le cortège, en route pour le Calvaire est conduit par un garde dont le casque et le bouclier brillent. Dans la physiognomonie* de cette époque, un col court et épais était une marque de stupidité ; une bouche large et grande impliquait un caractère chicanier, malveillant et fourbe.
►2 Le mal ne se cache plus dans des symboles, il est représenté par des êtres humains aux physionomies déformées, yeux exorbités, nez crochus, bouches édentées.
►3 Le larron repenti et méditatif est apeuré par l’air menaçant du moine confesseur (allusion à la laideur morale du clergé). Les yeux du repenti sont presque fermés, comme ceux du Christ et de sainte Véronique, disposés sur la même diagonale, (c’est ainsi que les « bons » peuvent s’isoler de l’affligeant spectacle que donne le mal incarné en l’homme) ; alors qu’en bas à droite, le larron impénitent, au contraire marche à sa fin avec une grimace de bravade satanique.
►4 Des visages de profil alternent avec des têtes vues de face ou de trois quarts, souvent superposées. Ces dix-neuf personnages gravitant autour du visage apaisé du Christ.
L’esprit imaginatif de ce peintre « surréaliste » n’a jamais été à court d’idées.
Autre tableau représentatif du monde fantastique de BOSCH, le triptyque du :
Jardin des délices
Tout particulièrement le panneau droit, « l’enfer musical » ainsi nommé en raison de l’usage extravagant réservé aux instruments de musique.
Le luth devient, par exemple, un instrument de torture pour un pêcheur sur les fesses de qui est imprimée une mélodie entonnée par un chœur de damnés, que dirige un maître de chant monstrueux.
BOSCH, un peintre à découvrir ou à redécouvrir, sans avoir peur que ses fantômes viennent nous hanter. Et puis même... avec la folie de notre inconscient, pour ne pas dire notre conscient, ne sommes nous pas en train de changer notre Terre Paradisiaque en Enfer des Délices, gouverné par l’individualisme, soudoyé par le LUCRE ?
Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est la faute d’Eve ; il y a longtemps que l’humanité l’a chargée de tous les maux de l’univers.
Il est temps de prendre chacun notre part de responsabilité… !
Et s’il y avait un : Jugement dernier
André Breton, le définissait comme « le visionnaire intégral ».
*Étude du tempérament et du caractère d'une personne à partir de la forme, des traits et des expressions du visage.