Qui de l’homme ou de la Nature aura le dernier mot ?
André Brincourt, dans un essai paru chez Grasset (Tête-de-loup), nous livre ses craintes sur les rapports de l’Homme avec la Nature.
« L’homme s’est grandi en se surpassant dans ses victoires sur la Nature ; il saura encore améliorer ses scores.
C’est, paraît-il, dans l’ordre des choses. Mais l’homme ne peut ignorer qu’in fine, la Nature reprendra ses droits dans une sorte de surordre où il n’aura rien à dire, rien à faire et plus rien à penser – soit que les conséquences mêmes de ses enjeux, de ses défis, le conduisent à rompre les écosystèmes et les équilibre naturels de la vie sur terre ; soit que la Nature elle-même – imprévisible et capricieuse – ne mette un terme à toute coexistence avec un être dérangeant.
Comment n’être pas frappé par la mesure et la démesure de nos rapports avec la planète qui nous a accueillis !
Je dis « démesure » parce que toute évocation, toute évaluation, nous ramène, sur le plan humain, sur le plan spirituel, à des proportions inquiétantes.
Je dis « démesure » parce qu’au fond de nous-mêmes, dorment encore les vieux mythes qui ont jadis nourri nos pensées, nos angoisses, nos rêves, nos philosophies, nos cosmogonies*.
Le D’où vient-on ? Qui sommes-nous ? Où va-t-on ? ne nous oblige pas sans effort (Pascal dirait sans effroi) à faire passer la démesure pour la mesure de l’homme.
Le reste n’est pas seulement littérature, mais billevesées** ».
Je ne peux que souscrire à son analyse.
Nous détournons des rivières, nous construisons des barrages.
Nous autorisons la déforestation à outrance.
Nous jouons à l’apprenti sorcier avec le nucléaire.
Nous ne prenons pas sérieusement en compte les émissions de gaz qui détruisent inexorablement la couche d’ozone, avec les effets à plus ou moins long terme que l’on connaît.
Nous autorisons des constructions dans des zones à risque ou qui devraient être classées en zones protection de la nature.
Nous autorisons les O.G.M.
Nous utilisons toujours plus d’engrais ou de pesticides qui vont rapidement polluer rivières, fleuves et nappes phréatiques etc .
Quand prendrons-nous conscience que nous sommes dépositaires de cette Nature, qui nous permet avec plus ou moins de bonheur, selon l’endroit où nous vivons d’en jouir.
A nous de la préserver avant que de génération en génération nous la détruisions lentement mais sûrement !
Quid ? Quelle sera la place de "l’Humain" ou de son nouveau clone,
dans une Nature morte ?
*Cosmogonies : Ensembles de récits mythiques ou de conjectures scientifiques, cherchant à expliquer l'origine et l'évolution de l'univers.
« La cosmogonie est un genre littéraire d'une remarquable persistance et d'une étonnante variété, l'un des genres les plus antiques qui soient. On dirait que le monde est à peine plus âgé que l'art de faire le monde. » Valéry (Variété)
**Billevesées : Propos, écrit vide de sens et souvent erroné. Synonyme : baliverne, faribole, sornette.