Une rousse (ça change des blondes) écrit à son fils :
Je t’écris ces quelques mots pour que tu saches que je t’écris.
Donc, si tu reçois cette lettre, cela voudra dire qu’elle est bien arrivée ; sinon , préviens-moi, que je te l’envoie une seconde fois.
Je t’écris lentement, car je sais que tu ne lis pas rapidement.
Ma santé va mieux depuis que le docteur m’a dit de remplacer le beurre par de l’huile d’olive, mais j’ai pas envie sur des tartines du petit déjeuner.
Dernièrement, ton père a lu une enquête disant que la plupart des accidents se produisaient à quelques kilomètres de la maison ; c’est pour cela que nous avons décidé de déménager un peu plus loin.
Notre nouveau voisin, c’est un homme très vulgaire du genre de ceux qu’on voit à la télé ; ça se passe tellement mal que c’est plus des dommages et intérêts qu’il me doit mais des dommages de guerre ! On ne s’est pas battu, on a juste eu des mots à coups de poing ! Ce n’est pas moi qui lui ait dit que j’allais l’étrangler puisque j’avais des bandages aux pieds. Non seulement je ne peux pas te dire son identité, mais en plus je ne connais ni son nom ni son adresse. Les voisins ça sert qu’aux ennuis.
La maison est splendide, il y a une machine à laver, mais j’ignore si elle est en service.
Hier j’y ai mis le linge, tiré sur la chaînette et tout a disparu ! Je cherche le mode d’emploi.
Le temps n’est pas trop désagréable ici ; la semaine dernière, il n’a plu que deux fois : la première pendant trois jours, la seconde quatre jours.
A la boulangerie il y a toujours la queue et pourtant ils ne vendent pas de la bonne viande.
Pour acheter des cigarettes, je suis obligée d’aller au bistrot qui les vend et à chaque fois ils m’obligent à boire, même pour un paquet. Chez nous, les commerçants, ils ne pensent qu’à faire du commerce. De tout le village c’est moi que je préfère.
Hier j’ai croisé un chien qui me regardait gentiment alors qu’il avait que l’idée de me sauter ;
même si j’ai mordu le chien, il a fini par être plus fort que moi.
Pour ce qui est des ravages que notre chien aurait fait dans tout le village, c’est juste des racontars de radins qui voudraient se faire rembourser des poules qu’ils ont déjà mangées depuis longtemps.
Au sujet du manteau que tu désirais, ton oncle Pierre a dit que si je l’expédiais avec les boutons qui sont trop lourds, cela coûterait très cher, alors je les ai arraché et les ai mis dans une des poches.
Ton père a trouvé du travail, il a sous lui environ 500 personnes…il fauche les herbes du cimetière.
Ta sœur Julie, qui vient de se marier, attend un heureux événement ; nous en ignorons le sexe, c’est pourquoi je ne peux te dire si tu seras oncle ou tante.
Si c’est une fille, elle a l’attention de l’appeler comme moi ; cela fera drôle d’appeler sa fille « maman » !
Ton frère Jean a eu un gros problème, il a refermé sa voiture avec les clés à l’intérieur ; il a dû retourner à la maison à pied pour récupérer le second jeu de clés et revenir nous sortir du véhicule.
Si tu as l’occasion de rencontrer ta cousine Monique, donne-lui le bonjour de ma part. si tu ne la vois pas, ne lui dis rien.
Ta mère
P.S : Je voulais te mettre un peu d’argent dans l’enveloppe, mais je l’ai déjà collée.