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Grains de sel
12 août 2006

Entre la chair et la chemise….

Proverbes :

Entre la chair et la chemise il faut cacher le bien qu'on fait. (Il faut faire le bien sans ostentation)

La peau est plus proche que la chemise. (Les intérêts personnels passent avant ceux des autres.)

Auguste

A ce propos, connaissez-vous l’origine de la chemise ?

Ancêtre de la chemise, la tunica interior, pièce en lin pourvue de manches se portant à même la peau, est apparue à Rome dès le IIIè siècle. Il importait de l'accompagner d'une ceinture au risque, sans cela, d'être inconvenant !

Le mot chemise, dans sa forme latine camisias, est relevé plus tardivement, vers la fin du VIIIème siècle. Mais c'est avec les Croisés, qui rapportèrent d'Orient des vêtements en usage chez les Perses, que la chemise trouva sa structure définitive avec les manches coupées séparément et cousues aux emmanchures.

Durant le Moyen-Âge, la chemise se répandit parmi toute la population occidentale. Les seigneurs prirent l'habitude d'en revêtir leur cuirasse lors des tournois.

chevalerie

Le combat achevé, ils la retournaient à la dame qui la leur avait offerte, comme un message d'amour ou de mort, lorsqu'elle se trouvait maculée de sang.

On la nomme alors la chaisne ou chainse, elle est longue en forme de T, faite en toile de lin, fendue à l'encolure, plissée ou non et portée ordinairement sur la robe de dessus qui s'appelait le bliaud.

A partir de la Renaissance, la chemise devint un signe de distinction sociale, des vestes échancrées permettant de mettre en valeur la qualité du tissu.

Si un gentilhomme se reconnaissait de loin, comme l'écrit Saint-Simon, à son odeur épouvantable, c'était également à la blancheur de sa chemise que la sueur du labeur ne salissait pas.

Devenu un geste automatique, l'enfilage de la chemise a pu prendre des allures de rituel. Présentée au Roi en signe d'hommage par un prince du sang, elle était passée avec l'aide de deux personnes, une pour chaque manche, pour qui ce privilège était insigne. D'utilitaire, le port de la chemise devenait un plaisir. On s'en offrait, à l'occasion de visites protocolaires, mais ce cadeau pouvait s'avérer empoisonné, au sens premier de l'expression. Il suffisait pour cela d'imbiber le tissu de substances nocives, comme la fameuse tunique de Nessus*, un Centaure qui fit périr Héraclès par ce procédé.

boecklin

(Arnold Böcklin, Nessus und Deianeira, 1898)

La chemise prit de la couleur seulement vers 1860, dans la discrétion des tons pastel. Les Garibaldiens poussèrent la nuance jusqu'au rouge écarlate, et cette habitude de manifester ses idées par la teinture perdura durant le XXè siècle. Aujourd'hui, très rares sont les hommes, sur quelque continent que ce soit, qui ne portent jamais de chemise, à tel point que ce simple vêtement symbolise l'intégration dans le monde moderne, même s'il se trouve parfois délaissé pour des articles plus décontractés.

*Nessus (personnage de la mythologie grecque), centaure, fils d’Ixion, qui, après avoir transporté Déjanire, épouse d'Héraclès, au delà de l'Achéloos, voulut l'enlever. Héraclès le tua en le perçant d'une flèche trempée dans le sang de l'Hydre de Lerne. Nessus donna en mourant sa tunique à Déjanire, comme un philtre qui pouvait lui ramener son mari, s'il devenait infidèle; cette tunique, imprégnée de sang empoisonné, causa la mort du héros.

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Commentaires
M
Je n'ai jamais dit que vos chemises ne valaient pas un kopek ! Elles valent toujours mieux que les chemises de Wikipedia qui sont d'une indigence à faire peur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chemise<br /> D'ailleurs je vous suggère de mettre votre article dans Wikipedia !<br /> Votre omission des chemises brunes et noires ne m'a pas choquée, elle m'a plutôt étonnée car quand je pense chemise, je pense à ça. <br /> Il y a d'ailleurs une chanson à la mode (il y a quelques mois, pour les djeuns) qui s'appelle "camisa negra" et j'ai demandé à ma fille de me traduire les paroles car je me demandais si ce n'était pas une chanson politiquement incorrecte (mais non, il parait qu'il s'agit juste d'un gars qui s'est fait larguer par sa meuf).<br /> Sinon y'a une autre chemise dont on aurait pu parler : la chemise du piston : http://epervier.sudluberon.free.fr/moteur4t/44remChem.htm<br /> Bien le bonjour chez vous !
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G
Je vois que vous avez décidé de travailler, et vos commentaires éclairés ont permis d’enrichir ces pauvres chemises qui à votre goût ne valaient pas un kopeck !<br /> En ce qui concerne ce court historique de la chemise, vous avez raison de mentionner les chemises brunes et les chemises noires.<br /> Chemise brune. Partie de l'uniforme des membres du parti national-socialiste allemand. « Ils marchent derrière un führer en chemise brune ou un duce en chemise noire » (GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans, 1934).<br /> « Quand mes camarades ont été déportés en Sibérie, j'étais à Vienne; d'autres ont été assassinés à Vienne par les chemises brunes et j'étais à Paris ». (S. DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954).<br /> Chemise noire. Partie de l'uniforme des membres du parti fasciste italien. « Un ancien combattant (...) que flatterait la perspective d'aller corriger Mussolini et ses chemises noires » (J.-R. BLOCH, Destin du Siècle, 1931).<br /> Loin de moi, de passer sous silence cette triste période ! J’ai déjà eu l’occasion de mentionner que leur maître à penser les avait endoctriné et jusqu’où ils étaient allés dans l’ignominie. <br /> Si cette omission vous a choqué, je vous prie de croire qu’elle n’était pas voulue et vous demande de bien vouloir m’en excuser.<br /> Qui n’a pas fredonné la chanson de Rika Zaraï? : « Sans chemise, sans pantalon »<br /> Je mentionnerais l’expression suivante plus rarement employée.<br /> Être en pans de chemise. En chemise et sans pantalon : « En pans de chemise et son pantalon des jours à la main, Noël hésitait. Honoré, adossé à la porte, mesurait tout l'avantage qu'il avait sur cet homme presque nu... » AYMÉ, La Jument verte, 1933.<br /> Ainsi que :<br /> Chemise de force. Synonyme : de camisole* de force « Le père de Drumont n'était homme à souffrir qu'on mit une chemise de force à l'esprit humain » (G. BERNANOS, La Grande peur des Bien-pensants, 1931). *(vous l’avez mentionné !)<br /> Chemise de mailles : Cotte de mailles métalliques couvrant le torse, les bras et le haut des cuisses, porté par les hommes d'arme du Moyen-Âge.<br /> Chemise ardente : Chemise de soufre, chemise soufrée. Vêtement enduit de soufre que revêtaient les condamnés au bûcher. <br /> Chemise américaine. Sous-vêtement de tricot à manches longues ou courtes.<br /> La chemise n’étant pas boutonnée, vous pourrez y glisser d’autres commentaires qui seront les bienvenus !
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M
Je suis étonnée que dans votre historique et anthologie mondiale de la chemise, vous ne citiez pas :<br /> - la chemise noire, emblème des milices mussoliniennes, ou la chemise brune des nazis allemands (évidemment, ce n'est pas plaisant de penser à cela, mais il y a le devoir de mémoire)<br /> - la camisole (de force) que l'on vous passera lorsque vous aurez fondu un plomb à cause des commentaires désagréables que je poste chez vous ... ;-)<br /> - la chanson inoubliable (! ! !) de Rika Zaraï "sans chemise, sans pantalon".<br /> Heureusement que je suis là pour relever le niveau !... ;-)
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